Contre l'"in-différence", femmes, osons nous manifester ! (fin)


S'opposer aux pratiques des femmes pour changer leur vécu immédiat, en alléguant la "priorité des luttes de classe".
Remplacer le fait par le "droit". Banaliser la prostitution en en faisant un contrat de services comme un autre (une profession d'avenir pour nos filles, en ces temps de crise de l'emploi...)
Encourager les pratiques transsexuelles, fussent-elles douloureuses et mutilatrices.

Cet universalisme indifférentialiste n'est qu'une nouvelle forme de la misogynie séculaire, d'autant plus perverse qu'elle se réclame parfoit du féminisme, et se trouve introjectée sous la forme d'un rejet des femmes de à leur "honteuse féminité".
Il est urgent d'y opposer un "existentialisme culturaliste" de la différence sexuée. Analysons cette notion :

Il s'y agit d'abord de la différence, en l'occurrence sexuée (matériellement).
Il s'y agit aussi de l'existence, et non d'une "essence" ou d'un "essentialisme" (dont la pensée de la différence se voit stigmatisée). Etre
réellement existentialiste - et non pas seulement dans une affirmation de principe…
Il s'y agit enfin de la culture.
Non au sens trop réducteur, aujourd'hui, de la "différence ethnique" ou "communautariste", mais au sens d'un héritage historique - dont tout n'est pas à rejeter.
Les femmes et les hommes (hétérosexuels ou homosexuels, voire bissexuels) ne sont pas seulement des femelles et des mâles, au sens  biologique.
La culture pénêtre et enveloppe la biologie (et réciproquement) en nous fournissant des modèles d'identification parentaux, conscients ou inconscients, esthétiques, poétiques, textuels, mythiques, imaginaires, constituant ce qu'Alain Touraine appréhende justement comme un "
Monde des femmes", distinct d'un "monde des hommes", sans lui être nécessairement hostile ni opposé.

Ne nions pas les refus de certaines et de certains de prendre place dans une classification exlusivement binaire, et leur désir de la transcender si cela arrange leur libido singulière.
Mais ne nions encore moins la réalité sexuée de l'espèce humaine, et le mode sexué de sa procréation, qui concerne chacun de nous au plus intime.
Procréateurs ou non, nous avons tous affaire, au cœur de notre inconscient et de notre mémoire, à cette dualité sexuée qui nous a mis au monde.
Car ce ne sont pas des esprits qui nous engendrent, mais bien des corps, des sexes, et enfin des
utérus. Osons être matérialistes !

Osons nous manifester comme femmes sexuées et désirantes, comme mères si nous l'entendons, et comme le tout ensemble, osons porter sur les scènes sociale et politique les problèmes concrets que cette réalité engendre, afin que l'histoire des humains accouche de cette économie souterraine qu'elle gardait dans l'obscur et l'interdit, au prix d'innombrables souffrances.

Séverine Auffret, philosophe | Ouvrages publiés  | Autres travaux | A paraitre | Textes | Liens | Agenda

Contact

Cliquez ici pour envoyer un courriel à Séverine Auffret